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La Géométrie des miracles
La Géométrie des miracles
La Géométrie des miracles © Emmanuel Valette




L'approche théâtrale de Robert Lepage a suivi principalement deux grandes directions : d'un coté un travail sur les textes classiques principalement shakespearien mais aussi quelques contemporains comme Brecht, de l'autre la création d'une œuvre écrite qui se forge en compagnonnage avec l'élaboration de la mise en scène, que cette œuvre collective mette à contribution les acteurs tant pour définir leurs personnages que pour traiter les sources d'inspiration (La Trilogie des dragons, Les Plaques tectoniques, Les sept branches de la rivière Ota).

La Géométrie des miraclesempreinte la deuxième voie, mais comme dans toute oeuvre de Robert Lepage, il n'y a jamais réplication d'une méthode.

Bien sûr on pourra retrouver certains éléments récurrents aux précédents travaux de Robert Lepage, comme le jeu avec les clichés, ce recyclage où, le non-vécu, le "rapporté" prend toujours le pas sur l'expérience vécue, comme en miroir avec notre propre incapacité à dépasser la simple réception de connaissance à travers les médias modernes, comme s'il nous était irrémédiablement interdit de vivre, de sentir directement, l'information remplaçant la conscience (encore un cliché). L'exemple le plus explicite restera toujours la première phrase de La Trilogie des dragons où l'héroïne avoue n'être jamais allée en Chine, alors que ce sera bien de l'Extrême-Orient dont il s'agira tout au long de cette œuvre.

En réponse au désert, le groupe...

Avant d'entamer le Cabaret technologique, son projet le plus "high-tech" à ce jour, La Géométrie des miracles sera aussi l'occasion pour Robert Lepage de s'essayer à un dépouillement que le désert de Wright semble appeler. Là où, auparavant, il aurait fait appel à un artifice technique aussi brillant que cette longue réverbération qui signifie le passage du temps dans un restaurant (Le Polygraphe), il s'en remet ici à l'essence du théâtre : le corps des acteurs auquel rarement Robert Lepage n'a tant demandé et leur chant, deux émanations humaines dont il privilégie l'expression collective.

Nous aurons ainsi ce que Robert Lepage n'avait jamais appréhendé si ce n'est dans de courts moments de ses pièces historiques (Macbeth) : le Chœur antique.

Tour à tour, essaim des secrétaires de Johnson le magnat de la cire, anneau des disciples de Gurdjieff, association des apprentis-architectes de Wright, cette expression du groupe semble si incongrue dans le cadre de cette Amérique triomphante et individualiste mais, si l'on y regarde à deux fois, s'adapte plutôt bien à l'imagerie de ces compagnies vantant leur dynamisme par l'exposition de leurs armées de secrétaires sagement rangées devant leurs machines à écrire, motif d'un patchwork infini. Cette expression du collectif est un des moteurs de la séduction de ces gurus d'un nouveau type, chacun dans leur style, que sont Gurdjieff et Wright.

Par cette profonde attention accordée au corps et au chant des personnages. La Géométrie des miracles pourrait s'avérer le travail le plus "chorégraphique" dans tous les sens du terme de Robert Lepage.

Au sujet des personnages:

Pour la première fois Robert Lepage s'attache à des personnages ayant réellement existé, sans leur faire dire ou jouer leurs propres textes ou musique, comme Cocteau et Davis dans Les Aiguilles et l'opium, mais en les imaginant dans leur quotidien.

Il est question de professeurs et d'élèves, de mentors et de disciples, de gurus et de victimes, et de l'affirmation de l'identité d'individus qui doivent parfois affronter leurs maîtres à penser, comme ce fut le cas du disciple de Frank L. Wright, hostile à Gurdjieff mais mentalement prêt à trouver en lui un nouveau maître, qui, ironiquement atterrit chez Le Corbusier, le brillant frère ennemi de Wright.

En toile de fond, l'architecture de Wright et les enseignements de Gurdjieff, qui s'appuient sur la confrontation des individus et sur des théories du mouvement répétitif.

Autour des personnages centraux gravitent Olgivanna, troisième épouse de Wright et admiratrice de Gurdjieff, Herbert Johnson, le magnat des cires Johnson Wax qui commandera un édifice à Wright et Jack, disciple tourmenté de l'architecte.

À l'absence et l'omniprésence simultanées de Wright, répond la présence envahissante et paillarde pour ne pas dire lubrique de Gurdjieff.



Conception originale et mise en scène : Robert Lepage
Coordination dramaturgique : Rebecca Connally
Assistance à la mise en scène : Bruno Bazin, Lise Castonguay
Conception : Tea Alagic, Daniel Bélanger, Jean-François Blanchard, Marie Brassard, Denis Gaudreault, Anthony Howell, Kevin McCoy, Thaddeus Phillips, Rodrigue Proteau, Catherine Tardif
Interprétation : Tea Alagic, Daniel Bélanger, Jean-François Blanchard, Marie Brassard, Denis Gaudreault, Tony Guilfoyle, Catherine Martin, Kevin McCoy, Rick Miller, Thaddeus Phillips, Rodrigue Proteau, Lise Roy
Scénographie : Carl Fillion
Conception des costumes : Marie-Chantale Vaillancourt
Conception des images : Jacques Collin, Carl Fillion
Réalisation des images : Jacques Collin
Assisté de Véronique Couturier
Dessins : Marie-Claude Pelletier, Bernard White
Conception des éclairages : Eric Fauque
Coconception des éclairages : Nicolas Descôteaux
Accessoires : Sylvie Courbron
Musique originale : Michel F. Côté, Diane Labrosse

Production : Ex Machina
Coproduction : Salzburger Festspiele ; Pilar de Yzaguirre - Ysarca, Madrid ; Créteil Maison des Arts ; Festival d'Automne à Paris ; Royal National Theatre, London ; Tramway - Cultural and Leisure Services, Glasgow ; City Council EXPO '98, Lisboa ; Change Performing Arts, Milano ; Harbourfront Centre, Toronto, Canada ; Hancher Auditorium, Iowa City ; Brooklyn Academy of Music, New York ; Sydney Festival ; Walker Art Center, Minneapolis ; Guthrie Theater, Minneapolis ; Northrop Auditorium, Minneapolis ; Le Manège, Scène Nationale de Maubeuge ; La Maison de la Culture de Gatineau ; Le Centre Culturel de Drummondville ; Les Productions d'Albert, Sainte-Foy ; Le Centre Culturel de l'Université de Sherbrooke ; Le Palace, Granby Wexner Center for the Arts, Columbus ; Flynn Theatre, Burlington

Producteur pour Ex Machina : Michel Bernatchez
Production déléguée - Europe, Japon : Richard Castelli - Epidemic
Production déléguée - Amériques, Asie (sauf Japon), Australie, NZ : Menno Plukker Theatre Agent

Ex Machina est subventionnée par le Conseil des Arts du Canada, le Conseil des Arts et des Lettres du Québec et la Ville de Québec.