Poèmes à l'Infect © Emmanuel Valette
11 enfants des rues de Dakar
L'Afrique Noire rassemble les territoires les plus pauvres de tous. La pauvreté est à présent sa caractéristique principale, c'est le continent de la misère. Il n'est d'abord perçu ailleurs et ne se perçoit lui-même qu'ainsi. S'il est un endroit de la planète où les individus n'existent que sous l'impression d'une masse entièrement vouée à la pauvreté, c'est-à-dire à l'inexistence dans un monde d'abord relié et organisé par l'économique, c'est bien celui-ci - que les chinois nomment même très simplement "le continent qui n'existe pas". C'est une affaire entendue, l'Afrique Noire ne compte à l'époque qu'en tant que problème. Beaucoup se consacrent cependant à casser cet a priori, notamment dans le domaine des arts, à rétablir l'Afrique, ses cultures et ses expressions, dans leur excellence, dans la valeur de leur apport à la pensée du monde, dans le besoin que celui-ci en a. La fabriks compte au nombre de ceux-ci et son théâtre documentaire n°6 entend participer de ce mouvement.
C'est pourquoi elle choisit l'Afrique Noire comme lieu de rencontre avec quelques individus perdus à l'extrémité de l'oubli. Lesquels exactement ? Quel est le bout social de la pauvreté ? Parmi toutes les tragédies qu'elle engage, quelle est la pire ? La situation des enfants vivant abandonnés en errance permanente dans les rues des grandes villes pauvres exprime sans doute le point ultime de la misère. Dans la claire irresponsabilité de fait qui est la leur, leur pauvreté engage la nôtre : la pauvreté d'un monde qui engendre et admet, bon gré mal gré, une inégalité aussi extrême. Nous avons souhaité rencontrer quelques-uns de ces enfants, savoir qui ils sont, savoir ce qu'est leur vie et si nous serions capables d'en rapporter avec eux quelque chose d'important, que d'autres avec d'autres moyens ne pourraient mieux transmettre. Nous voulions concentrer nos efforts sur un petit nombre d'individus, de manière à pouvoir travailler très en profondeur avec eux. Nous avons suivi et suivons encore principalement deux enfants avec lesquels nous avons établi une relation privilégiée. Si c'est en tout onze enfants avec lesquels nous travaillons, c'est d'abord pour ce que les neuf autres occupaient une place essentielle dans la vie des deux premiers. Nous nous en sommes tenus là; notre étude n'a aucun caractère scientifique et toute vérification par extension à un cercle d'observation plus vaste nous est inutile.
L'Afrique Noire rassemble les territoires les plus pauvres de tous. La pauvreté est à présent sa caractéristique principale, c'est le continent de la misère. Il n'est d'abord perçu ailleurs et ne se perçoit lui-même qu'ainsi. S'il est un endroit de la planète où les individus n'existent que sous l'impression d'une masse entièrement vouée à la pauvreté, c'est-à-dire à l'inexistence dans un monde d'abord relié et organisé par l'économique, c'est bien celui-ci - que les chinois nomment même très simplement "le continent qui n'existe pas". C'est une affaire entendue, l'Afrique Noire ne compte à l'époque qu'en tant que problème. Beaucoup se consacrent cependant à casser cet a priori, notamment dans le domaine des arts, à rétablir l'Afrique, ses cultures et ses expressions, dans leur excellence, dans la valeur de leur apport à la pensée du monde, dans le besoin que celui-ci en a. La fabriks compte au nombre de ceux-ci et son théâtre documentaire n°6 entend participer de ce mouvement.
C'est pourquoi elle choisit l'Afrique Noire comme lieu de rencontre avec quelques individus perdus à l'extrémité de l'oubli. Lesquels exactement ? Quel est le bout social de la pauvreté ? Parmi toutes les tragédies qu'elle engage, quelle est la pire ? La situation des enfants vivant abandonnés en errance permanente dans les rues des grandes villes pauvres exprime sans doute le point ultime de la misère. Dans la claire irresponsabilité de fait qui est la leur, leur pauvreté engage la nôtre : la pauvreté d'un monde qui engendre et admet, bon gré mal gré, une inégalité aussi extrême. Nous avons souhaité rencontrer quelques-uns de ces enfants, savoir qui ils sont, savoir ce qu'est leur vie et si nous serions capables d'en rapporter avec eux quelque chose d'important, que d'autres avec d'autres moyens ne pourraient mieux transmettre. Nous voulions concentrer nos efforts sur un petit nombre d'individus, de manière à pouvoir travailler très en profondeur avec eux. Nous avons suivi et suivons encore principalement deux enfants avec lesquels nous avons établi une relation privilégiée. Si c'est en tout onze enfants avec lesquels nous travaillons, c'est d'abord pour ce que les neuf autres occupaient une place essentielle dans la vie des deux premiers. Nous nous en sommes tenus là; notre étude n'a aucun caractère scientifique et toute vérification par extension à un cercle d'observation plus vaste nous est inutile.