cher, dans les pays concernés par mon projet, les "têtes de pont" du réseau international de l'AFAA. Si les "têtes de pont" déclarent ce projet valable, alors peut-être l'AFFA financera-t-elle une partie des 88.000 F que je réclame. Et qui sont ces fameuses "têtes de pont" ? Des partenaires étrangers, j'imagine ? Pas du tout. Ce sont des Français! Des Français travaillant comme conseillers artistiques près des ambassades de France à l'étranger. Formidable. Je vais donc devoir me payer un tour d'Europe pour aller voir d'autres Sanchez, en vacances à 30.000 FF mensuels nets d'impôts, et écouter de nouvelles évaluations artistiques d'un dossier qu'ils n'auront pas lu (pas le temps, trop de dossiers) mais "parcouru" et qu'ils jugeront chacun selon son goût et son expérience artistique acquise je ne sais où, tous gentiment convaincus que leur goût a valeur de règle. Le tout pour obtenir une aide de 20 à 30.000 FF, c'est-à-dire un peu moins que le prix d'achat d'un logo dans un programme ou un catalogue, et beaucoup moins que le coût des voyages que j'aurai dû faire pour financer les voyages que je devrai faire. La discussion se poursuit dans les couloirs avec Jean Digne. Sanchez, lui, est probablement retourné parcourir des dossiers. La volonté des étrangers désireux d'accueillir tel travail plutôt que tel autre ? La liberté de l'artiste ? Sa capacité à établir ses propres réseau et contacts ? Aucune importance. Ce qui compte : l'AFAA, l'AFAA et l'AFAA. L'AFAA et ses vraies têtes de pont. Bien sûr, lorsque j'aurai passé six mois à produire du sens avec l'AFAA, il faudra aller produire du sens avec X autres organismes d'Etat, du temps que les gosses dont je m'occupe disparaissent un à un, malades, frappés à mort par les milices, etc... Au revoir. Bravo. Merci.


Je m'apprête à sortir du 244 boulevard St-Germain. Un agent de police me l'interdit pour un instant. Une voiture sombre de grosse cylindrée s'engouffre sous le porche. L'agent salue le petit drapeau français qui claquette sur l'aile avant gauche du véhicule, puis me laisse le passage, m'adressant un large et franc sourire. Je marche rapidement jusqu'à la première cabine. RDV téléphonique avec Dakar. Tapha doit me donner la pointure des gosses afin que je puisse leur ramener des pompes pour Noël. Je l'entends mal. Il parle trop bas. Ibrahima, 10 ans, a reçu un coup de couteau dans le ventre, cette nuit. Tapha l'a conduit à l'hôpital. "Jean-Mi, il fait trop le con ce gosse", dit-il. J'appellerai ce soir pour prendre des nouvelles. Merde, ma carte! Bordel, qu'est-ce qu'il tombe comme flotte. Je remonte à pied le boulevard Raspail. Mes dossiers sont trempés...
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