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jean michel bruyere lfks
Parties de chasse
Dissociation 1 Les textes de Parties de chasse sont la matière première de neuf films. Les films ne se soucient pas de représenter les versions de l'histoire, mais seulement de mettre en oeuvre la démonstration des raisonnements que proposent les textes sur la pure question veuve © du regard. La matière textuelle, donnée à lire séparément, intervient donc moins en tant que scénario qu'en une sorte de mode d'emploi du film à l'intention du spectateur, un guide de son regard raisonné.
Les neuf films sont inclus dans neuf érections différentes, où l'image, les corps et leurs chants, la musique, se présentent simultanément. Ces éléments fonctionnent ensemble et sont complémentaires, leur autonomie apparente ne sert qu'à multiplier les moyens d'expression d'un seul et même objet. L'intégralité du texte est donnée à lire. Rien ne s'offre au regard, tout réclame une vision investie et personnelle du spectateur.
Le chant, lui, n'est plus véhicule du "dit", il n'est donc pas à entendre mais à écouter. Son rôle habituel de "supra-conducteur" du sens est refusé à la voix. Elle est rendue à la musique et à l'énergie, redevient une valeur dramatique parmi les autres. La musique libérée des récitatifs, comme de la musicalisation des mots, mène aussi son propos de façon distincte.
C'est un jeu combinatoire d'écritures séparées qui entend conduire chaque spectateur à une interrogation réelle de son propre regard.
Dissociation 2 Les neuf érections, les "parties" de chasse, sont éclatées en plusieurs espaces différents, plus ou moins distants les uns des autres, selon les possibilités offertes pas les lieux de création du spectacle.
Chaque spectateur y connaît la position d'Actéon chassant dans la forêt. Il doit faire la traque d’un spectacle jamais offert à sa passivité. Il lui faut le débusquer. Chaque partie se joue sur une longue durée (plusieurs heures), en boucle ou en continu selon les cas.
Les parties ne sont hiérarchisées par aucune nécessaire chronologie dramaturgique.
Le spectateur/cynégète les peut découvrir et observer au hasard de sa traque. L'instant où il découvre chacune d'entre elles est sans incidence sur la compréhension qu'il peut en avoir. 
Dissociation 3 Une "partie" finale, se déroulant dans un lieu différant en tous points des précédents, propose un langage radicalement opposé. Tandis que les premières parties utilisent le seul raisonnement, langage supérieur d'essence théologique, la dernière, elle, est consacrée à l'opération du corps, langage primaire et, ici, essentiellement pervers. Si rien n'est livré d'abord au regard, la partie finale l'attaque de sa brutalité, sa violence et sa bestialité. Elle est vouée aux spectateurs/cerfs. Elle se rapproche davantage de l'idée convenue du spectaculaire, mais utilise surtout les codes de la pornographie (la pornographie vécue comme la limite extrême basse du regard) et de la férocité (sa conséquence). Elle représente le chaos de l'oeil. Elle est un moyen de renvoyer l'homme à sa position de spectateur du monde, après qu'il ait été confronté au théâtre des pures questions veuves.
Par exemple, à Zurich, durant le festival, les premières parties de Parties de Chasse utiliseront le labyrinthe des abris antiatomiques qui quadrillent souterrainement la ville. La partie finale se déroulera dans la nuit de la grande forêt qui la surplombe.
3 écritures séparées.
Ce qui est commencé par
l'une est fini par l'autre.
Tantôt l'image induit la chose dite, tantôt l'énoncé guide la vue.
L'acte séparé du geste.
Le livret donné dans la valeur visuelle de sa mise en page.
Le corps assumant ce que
ses gestes font entendre.
L'émotion devient une lecture.