Si le lyrisme est bien avant tout le triomphe de l'expression, de l'affirmation de l'être, dans ce qu'il a de plus affectif, de plus irréductiblement personnel, le boxeur, qui affronte le pire avec tant de courage, de maîtrise et de solitude, est alors pleinement un artiste lyrique

L'Opéra-boxe Battling Siki se propose d'évoquer les premières années du “noble art”, les plus lyriques, par le plus noble des arts occidentaux : l'opéra. Il choisit de suivre plus particulièrement le destin tragique de Louis Siki Phall (le magnifique et dérangeant sénégalais assassiné dans les rues du New York raciste en 1925), acteur et victime d'une violence et d'une effervescence occidentales qu'il a servies et vécues sans qu'elles soient vraiment siennes ni qu'elles l'intègrent jamais. L'opéra-boxe explore ainsi un des autres aspects de la boxe hautement signifiant quant aux enjeux fondamentaux du siècle dernier : la partition d'un monde en Blancs et Noirs, Nord et Sud.

Pour l'opéra-boxe, le combat sera aussi un combat des formes, jouant sur la mise en rapport à égalité de deux arts rituels, a priori sans sympathie l'un pour l'autre, deux poids lourds de la culture occidentale, dont la rencontre et l'affrontement sans précédent promettent d'être intenses et déconcertants.

C'est le spectacle de toutes les souffrances, de tous les espoirs et de tous les excès, un rite d'abord hallucinant, mais éclairant aussi, par la cruauté, l'évolution historique d'une frange massive de la population.