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La Dispersion du Fils
La Dispersion du Fils
La Dispersion du Fils © LFKs


La Dispersion du Fils exploite l’abondance des sources image et son de LFKs (plus de cinq cents films réalisés entre 1999 et 2007, par une équipe artistique homogène, sur des sujets et/ou des motifs connexes), et les assemble en un seul immense objet :  les viscères d'une chienne, transformées en une sorte d'infinie cynemathèque.

Dans le ventre héliaque de la Petite Chienne
 
Par erreur ayant mangé leur jeune maître qu'Artémis osée nue avait tourné en un cerf, les chiens d'Actéon dans la montagne une année entière restèrent à le chercher ; ils l'aimaient. Et si Actéon dans leurs ventres était encore pour un temps partout avec eux, ils ne le trouvaient bien sûr nulle part. Ce n'était pas qu'il ne fût plus là, c'était qu'il était plus que là : il était en eux, à les nourrir de ses propres morceaux. Il était ce que la fibre de milles muscles lancés à sa recherche consommait en pure perte. Et ses chiens ne pouvaient cesser de l'espérer dans la forêt, d'autant qu'involontairement ils l'y répandaient peu à peu par leurs crottes dispersées, ils l'y jetaient contre les arbres à grands traits de pisse. Ainsi, partout où ils allaient pour le chercher, ils déposaient sans le savoir quelque chose de lui, en quoi s'affola toujours plus leur fureur à le trouver là.
Après une année, la horde avait brûlé une telle masse de désir et d'effort que la montagne d'abord en fût échauffée et bientôt la Terre entière et si fortement même qu'elle parut prête à brûler sur elle, à se consumer comme le Soleil, dont elle semblait alors s'être tant rapprochée. Entre la planète et l'étoile, il n'était plus rien qu'un petit fossé dans lequel à l'aube du premier jour de la seconde année les chiens d'Actéon en vinrent à se jeter et mourir aussi fous qu'épuisés. Ainsi naquit la constellation du Chien, Sirius la torride, notre Canicule, dont le lever héliaque chaque 365,25 jours brûle les forêts, échauffe les esprits, répand les épidémies de suicide et de rage.

Les visiteurs de La Dispersion du Fils font un voyage, un va et vient entre l'intestin et le ciel, entre les viscères et l'étoile, entre chien et chaud. Ils avancent, dans un corps animal, jusqu'au corps céleste. Tout autour d'eux vient, passe et revient un chaos d'images ; c'est la mémoire d'Actéon portée par les chiens qui le cherchent, c'est son impensable expérience. Elle revient, oui, elle insiste. Mais en morceaux et telle qu' elle fut dispersée : dans le sang et la hargne.
 
L'avancée technologique, la nouveauté, ici,  nous renvoie où nous n'étions pas encore allés : à l'archaïsme du mythe de Diane et Actéon. Elle permet un retour vers les origines par un chemin jamais emprunté, elle ouvre une remontée par l'insu et vers un point d'origine jamais atteint : elle nous autorise enfin une anabase. Si poteris. Si poteris, licet.



Jean Michel Bruyère avec Matthew McGinity, Delphine Varas & Thierry Arredondo
Conception et réalisation : Jean Michel Bruyère
Software et conception graphique : Matthew McGinity
Montage et post-production : Delphine Varas
Musique et conception sonore : Thierry Arredondo
Développement du logiciel iCinema : Xin Guan, Ardrian Hardjono, Jared Berghold, Alex Kupstov, Matthew McGinity
Conception de l'environnement, intégration et installation : Damian Leonard, Robin Chow, Marc Chee, Densan Obst
Les extraits de CaMg(CO3)2 ont été filmés avec la caméra panoramique du ZKM et assemblés par Bernd Lintermann
Coproduction : LFKs, Marseille - Epidemic, Paris, Berlin - iCinema UNSW Centre, Sydney - Le Volcan Scène Nationale, Le Havre et ZKM | Center for Art and Media, Karlsruhe

Cette pièce a été inspirée et créée pour l'environnement AVIE (Advanced Visualisation and Interaction Environment) de Jeffrey Shaw, développé au iCinema Centre de l'Université de la Nouvelle-Galles du Sud à Sydney.
Management projet (tournée) : Jan Gerigk (ZKM)