Des chaises de collectivité agglomérées entre elles et en suspension. Elles sont rangées, ou en rangement (c'est-à-dire en mouvement). Empilées, agglomérées, en colonnes ou en rangs, emboîtées ou empilées, ce sont toujours des chaises parmi les plus courantes de la vie collective à tel ou tel endroit du monde. Un assemblage de chaises d'assemblée, une union des chaises de réunion. Mais vides. Un plein de chaises vides et/ou suspendues : le congrès est suspendu.

Des chaises qui ne comptent que sur leur propre nombre et qui ne sont plus prêtes à l'emploi, qui ne sont pas disposées à l'usage. Telles qu'elles sont là, on ne s'assoira pas dessus. Car elles sont dans l'ordre de rester libres, assemblées de telles sortes que leur assemblée vaut pour elle-même ; ce sont des chaises de congrès retenues à un congrès de chaises… et lui-même suspendu. Il y a ces moments critiques de l'humanité où les chaises de congrès vides se rassemblent entre elles pour se pendre.

Chaque congrès porte le nom de la ville où il se tient ou s'est tenu : Congrès d'Aix-en-Provence, Congrès d'Arles, Congrès des Baumettes, Congrès de Berlin, Congrès de Marseille, Congrès de Munich, Congrès de Shanghai… Des noms destinés à donner des repères géographiques mais qui évoquent aussi l'Histoire.
Et souvent les chaises desdits congrès ont une histoire elles-mêmes. Elles ne sont pas neuves (pour le moins leur modèle n'est pas nouveau), elles ont eu une première vie et sont vieillies. Elles ont assisté nombre de réunions humaines, elles ont favorisé des débats, servi des rencontres, aidé des prises de décision ou à l'acquisition de connaissance… Et maintenant ? Les voilà réunies à leurs propres Assises, à former des sénats de vieux sièges accrochés à leurs souvenirs…

Tout est suspendu.