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Fondé sur une volonté de représenter par les nouvelles technologies lécrasement du temps et des esprits, létouffement de ce qui sera sous le poids de ce qui est, le projet de Phase V ne peut guère évidemment prétendre à linnovation pure sur le plan formel, sans ruiner entièrement son propos. Il est pour lui dès lors plus attirant détudier leffet des moyens technologiques quil met en uvre sur des formes et des genres préexistants et anciens.
Dentre tous, il choisit celui le plus hautement emblématique dun art occidental classique de la représentation : lopéra. Parce que lopéra rassemble les trois éléments principaux de lart scénique : musique, image et poésie, il est aussi la forme qui permettra aux concepteurs de Phase V lexploration la plus vaste des transmutations opérées par la technologie lorsquemployée en lieu et place des moyens dexpression traditionnels (instrumentation, chant, décors
).
Phase V sera un opéra.
Mais plus encore que dans une conformation à lintégrité classique de la forme dite dopéra et née en tant que telle au cours de lannée 1600 à Florence, Phase V appuiera sa conception pour en consolider les ambitions fondamentales sur les références mêmes du genre au moment où, avec lEuridice de Iacopo Peri et Ottavio Rinuccini, il fut inventé. Les musiques anciennes de transe et dextase, les fureurs bachiques, les cruautés et sauvageries quelles engagent, seront la source inspiratrice de Phase V.
Phase V concevra ainsi une exploration de la transe opératique originelle, une recherche des émotions primitives, par les moyens des nouvelles technologies de la création et de la reproduction des sons, des images et des signes.
Phase V sera donc un techno-préopéra. |